Démarche pédagogique en Haltérophilie
Etude de Jean Bonhoure (ancien coach de l’équipe de France d’haltérophilie) datant de 1993, abordant la démarche pédagogique devant être entreprise pour l’apprentissage des mouvements d’haltérophilie. Merci au club haltérophile de Poitiers pour la fourniture de ce document.
La lecture des lignes qui vont suivre pourra paraître compliquée aux non initiés. Jeter d’abord un oeil sur ce tutoriel vous donnera déjà une meilleure vision des propos de ce texte.
Ce qui est écrit en italique a été rajouté par mes soins pour la compréhension du texte. Les balises foncées et de couleurs n’étaient également pas présentes dans le texte original.
Bonne lecture !
Dans toute recherche pédagogique qu’elle qu’elle soit, doit être mis en oeuvre tous les moyens qui permettent l’apprentissage et le perfectionnement les plus rapides et les plus durables possibles.
L’expérience de ma fonction m’a permis de me rendre compte des lacunes que comportait un système d’initiation basé sur « l’image motrice en haltérophilie ».
D’autre part, un système d’initiation basé sur l’acquisition des sensations neuro-musculaires, pouvait présenter autant de lacunes si celui-ci était mal conduit.
L’élève qui enregistre une image motrice bien exécutée devant lui ne peut se suffire de celle-ci, elle peut tout au plus lui indiquer la finalité du geste.
La copie de l’image enregistrée par un élève doué d’une juste vision et d’une bonne coordination, sera capable de répéter pendant quelques temps le geste d’une façon presque parfaite avec une charge légère; dès qu’il faudra soulever des charges plus lourdes, l’image du mouvement passera au second plan. La recherche des sensations se fera dans un large cadre où naitront des défauts techniques, même si l’on fait appel aux éducatifs, les répétitions sur un mauvais geste auront imprimé les fautes.
Executer des répétitions du geste complexe et complet, sans connaitre auparavant les sensations principales marquant la ligne « idéale » du geste, entraine l’acquisition de sensations parasites qui se renforcent et modifient la ligne du geste.
Les défauts techniques s’installent et s’impriment dans le cortex cérébral, issus de l’execution d’un geste non conforme. Il faut donc appliquer une méthode qui vise à éviter au maximum l’apparition de défauts techniques afin de ne pas avoir à les corriger.
Les modifications musculaires et les valeurs de force en progrès se chargeront de modifier en permanence le geste sportif; sur les bonnes références sensitives bien acquises, l’athlète retrouvera son geste malgré les nouveaux éléments qui sont venus le perturber un moment.
Dans les mouvements haltérophiles qui mettent en jeu toutes les parties du corps sous des tensions maximales, chaque geste comporte des sections de geste qui font appel à des « dominantes » musculaires produites par l’action de groupes musculaires divers.
Les difficultés sensitives et musculaires développés dans les diverses sections sont plus ou moins importantes suivant l’importance des bras leviers, des articulations, des groupes agonistes et antagonistes intervenant dans les actions, mais la plus grande difficulté réside toujours dans l’enchainement inter-actions qui doit faire appel à l’anticipation et à la coordination sensitive.
Pour que l’athlète comprenne mieux le travail qui lui sera demandé par la suite, une bonne démonstration réalisée et répétée plusieurs fois devant lui suffira à ce qu’il s’imprègne de l’image motrice du geste, du tracé linéaire spatial de la barre et du but final.
Dans l’apprentissage, tout l’accent sera porté sur la perception et l’acquisition des sensations importantes qui régissent le geste.
Pour minimiser les sensations parasites de l’apprentissage d’un geste, il faut le rendre simple; l’execution d’un geste compliqué, même s’il est répété peu de fois, inscrit aussitôt des sensations dans un cadre large et non conforme du geste voulu. Les repères sensitifs s’installent en dehors d’une ligne propre au geste technique adapté sans que l’élève le sache.
La simplification du geste technique du mouvement d’arraché ou d’épaulé nous amène à le diviser en 4 phases:
1/Tirage du sol jusqu’au niveau des rotules (premier tirage)
2/Suspension-Extension (« second tirage »)
3/Tirage des bras
4/Flexion (chute)
Il est dit ici que l’exécution d’un geste global, sans connaissance des sensations importantes nécessaires au bon déroulement du geste entraine des sensations parasites difficiles ensuite à corriger.
Commencer l’apprentissage du geste par le bas en apprennant une par une à l’élève toutes les phases citées pour ensuite en venir au geste complet, présenterait des lacunes concernant les sensations propres à l’enchainement inter-phases.
Il faut donc travailler une phase du geste et enchainer très vite sur le geste plus évolué ou global.
Dans les méthodes traditionnelles, l’apprentissage se fait par une action qui part du début du mouvement ou de son centre. Ces systèmes laissent en amont du mouvement, une ou plusieurs phases du geste inconnues donc, sujettes à engendrer des défauts.
Il faut donc faire évoluer un geste simple (travail d’une phase) vers un geste plus compliqué (2 ou 3 phases) sans qu’il soit rencontré de phases inconnues dans l’évolution du mouvement.
La seule solution pour retrouver les conditions d’une initiation s’appuyant sur les critères d’apprentissage énumérés ci-dessus, c’est de commencer le geste technique par la dernière phase du mouvement, en partant de la position debout. L’ordre d’apprentissage sera le suivant:
(à chaque fois, une ou plusieurs phases enchaînées)
1/Arraché & E-Jeté: Tirage de bras
2/Enchaînement du saut d’extension et tirage de bras avec réception au sol
3/Position sur la barre et tirage jusqu’au genoux
4/Enchainement vers l’arraché debout et l’épaulé debout
5/Tirage + Extension
6/Enchaînement vers l’arraché technique et l’épaulé technique
7/Jeté: Position préparatoire / Développé debout / Jeté tendu / Position en fente / Jeté fente
Éducatifs particulièrement efficaces en effet rendant l’initiation haltéro plus ludique et moins complexe tout en préservant le jeune et soulageant l’entraineur !
Méthode mise au point et apprise aux côtés de Robert Galeano CTR et BE3 de 1987 à 1992
Trouvé l’article en cherchant un photo de débutant. Bravo et merci.