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L’entrainement des enfants et adolescents

Travailler avec des enfants a significativement influencé mes convictions concernant mon rôle d’entraineur CrossFit. Concevoir et implémenter une programmation pour les enfants et adolescents a vraiment aiguisé mes compétences générales d’entraînements. Contrairement à mes clients adultes, qui sont responsables de faire des choix réfléchis, ce n’est pas le travail d’un enfant ou d’un adolescent de surveiller mes efforts et mes conseils. Il y a des responsabilités spéciales inhérentes au travail avec des populations jeunes. Les enfants avec qui je travaille ont besoin de conseils et de limites, et ils comptent sur moi pour les aider à s’améliorer de manière saine et judicieuse.

Connor et David ont été mes premières expériences CrossFit Kids. Mon fils Connor a commencé à pratiquer des entraînements CrossFit avec moi en Novembre 2003 alors qu’il avait 12 ans. C’était juste quelque chose d’amusant et stimulant que nous faisions ensemble –  une sorte d’évolution naturelle depuis nos entraînements communs de Kenpo Karaté. Connor est venu immédiatement à cela tel un bulldog, qui est devenu notre mascotte CrossFit à ma salle, BrandX, et il m’a régulièrement humilié lors de nos entraînements.

J’ai posté cela sur le site CrossFit en Novembre 2003 : « Fini l’entrainement d’aujourd’hui à 14:50. Mon fils de 12 ans a fini 30 secondes plus rapidement. C’est juste un peu humiliant d’avoir votre fils se tenant devant vous et vous disant : ‘ Allez Papa, tu peux le faire.’ »

C’est devenu une façon de vivre pour moi. Peu de temps après Connor commença à m’écraser dans les entraînements, son meilleur ami David (13ans) commença à se joindre à nous. Cela me donna deux adolescents à poursuivre, et c’est à ce moment que les choses commencèrent à devenir intéressantes.

David et Connor l’un comme l’autre possèdent un esprit de compétition naturel qui les fit devenir l’incarnation des déclarations de Glassman tel que « les hommes mourront pour des points ». Seulement ce ne sont pas des hommes. Ce sont des garçons. Pas de voix profondes, pas de testostérone déferlante, pas de masse musculaire d’adulte. Juste des enfants avec le désir de travailler et d’exceller. Je me suis frotté les mains et rigolé. Cela promettait d’être amusant.

J’ai commencé à mettre les garçons aux entraînements CrossFit ensemble dans les premiers mois de 2004. En premier, Je choisissais juste un circuit, un qui allait surement les laisser sur les rotules, et lançait le chrono : «3-2-1-GO ! » Ils se balançaient à travers les portes telles des chauves-souris sorties de l’enfer et déplaçaient les (relativement légères) charges comme des dockers bourrus essayant de finir plus tôt. Pas de forme, pas de technique, juste de la détermination brute et le désir de gagner. C’était amusant à regarder et pas spécialement alarmant car ils ne levaient pas de charges importantes.

Rapidement, les garçons ont commencé à devenir plus rapides et forts et il m’a fallu augmenter la mise pour être sûr qu’ils soient mis au défi. Cela signifiait l’augmentation des charges. Ces garçons ont vu à l’école l’entrainement équivalent dans une salle où développer de gros chiffres représentait la position ultime en athlétisme et en prestige. Ils n’étaient pas satisfaits tant qu’ils ne voyaient pas de plus en plus de disques aux bouts de la barre. Alors nous avons chargé.

De nombreux mois ont passé et, avec l’augmentation des charges, j’ai commencé à réaliser que Connor et David avaient de gros problèmes de forme. Cela commençait à devenir clair pour moi que, dans leur zèle à lever de plus en plus lourd comme leurs pairs et ma bonne volonté à l’autoriser, les garçons seraient bientôt en danger s’ils continuaient à suivre cette voie.

Ressentant ma responsabilité en tant que père et entraîneur, je leur ai fait immédiatement baisser les charges. Pas juste les lourdes charges, toutes les charges !  Vous parlez d’une dévastation ! Essayez de mettre un simple tube PVC entre les mains de garçons tel que Connor et David et regardez le dégoût et le désappointement qui en résulteront. Cela ne fut pas une pilule facile à avaler pour eux. Heureusement, les garçons me faisaient suffisamment confiance pour s’accommoder des nouvelles règles et protocoles de leur entrainement.

En une importante leçon pour moi en tant qu’entraîneur d’enfants, il a fallu une année complète pour régler les mauvaises habitudes acquises et repartir sur une bonne voie. Nous avons méticuleusement martelé la technique, perfectionnant chaque aspect de leurs mouvements. Je ne leur autorisais pas à charger quoi que se soit de substantiel tant qu’ils ne montraient pas une technique parfaite, et j’insiste bien sur la technique parfaite. Plutôt que de se focaliser sur les nombres, nous nous focalisions sur le mouvement. Reconnaissant que le travail technique peut rapidement devenir ennuyeux, surtout pour ces enfants qui sont accoutumé à de plus grand stimulus, nous avons travaillé avec zèle pour garder cela amusant. Au final, nous avons développé une nouvelle façon de s’entraîner.

La remise à zéro de notre concentration sur un mouvement propre plus que sur la charge s’est étendu aussi bien aux jours de force qu’aux circuits de conditionnement métabolique où les poids étaient concernés. Quand un jour de force arrivait sur CrossFit.com, nous le traitions comme une séance de travail des compétences. Nous décomposions les bases des mouvements et désaccentuions les nombres. « Fran » devenait « PVC Fran ». « Diane » devenait « Kettlebell Diane ». Le tube en PVC et les poids de 5 et 10 Kg étaient nos amis. En changeant les outils, nous permettions aux garçons de se concentrer sur la forme.

En travaillant sur les mouvements de force, nous les disséquions sous leur forme la plus simple et les relions ensemble. En premier nous avons défini et pratiqué un point de départ pour le mouvement. Par exemple, « Comment nous tenons-nous pour un développé militaire, et quel est une position de rack correcte ? ». Nous répétions cela jusqu’à ce que cela soit gravé dans leurs mémoires. Puis nous identifions un point jusqu’où nous voulions aller. « Où est-ce que la barre finie son parcours ? ». Encore une fois, la répétition incrustait cette position. Pour finir, nous déterminions comment aller d’un point A à un point B. « Quel est le parcours correct de la barre pour le développé militaire ? »

L’un des points importants pour ces entraînements était enraciné dans la capacité des garçons à comprendre les repères. Je sais que c’est quelque chose de nécessaire de modifier les instructions et les repères pour s’adapter à leur vocabulaire et leur compréhension de leurs corps. Par exemple « les épaules actives » est un terme qui peut provoquer les regards vides– et parfois des réparties comiques – de certains garçons. Cependant, une simple phrase telle que « pousser le ciel » ou « essayer d’atteindre le ciel » (une référence à Toy Story) peut rapidement provoquer la réponse désirée. Imaginez à quoi ressemble de pousser le ciel : cela requiert d’activer les épaules. Demandez à un enfant de mettre ses pieds sous sa hanche et vous obtiendrez surement, « Qu’est-ce qu’est ma hanche ? » Mais demandez lui de sauter et d’atterrir et vous trouverez que sa position d’atterrissage a positionné ses pieds parfaitement pour un développé militaire.

Le temps passa, nous commencions à amasser une bibliothèque de repères accommodants pour les enfants qui rendirent les mouvements facilement compréhensibles. En utilisant ces nouveaux repères, nous travaillions les mouvements complètement à vide, même sans tube PVC ou barres. Tel de l’« Air Guitar » pour l’entrainement, nous mimions où nous voulions commencer le mouvement, où nous voulions le finir, et comment nous allions d’une position à une autre. Seulement quand les garçons montraient une compréhension de tous les aspects des mouvements nous placions de l’équipement entre leurs mains. Cette tactique a été appliquée les jours de force et autres circuits. Personne ne passait à l’étape supérieure tant que l’efficacité technique n’était pas acquise.

Nous avons aussi trouvé nécessaire de redéfinir le rôle de l’horloge. Pour ces garçons, l’horloge est un grand motivateur, mais elle a prouvé être une entité nuisible dans la salle d’entrainement. La tentation de sacrifier une bonne forme dans le but de finir plus vite c’est le plus souvent montré inefficace et même dangereux. Alors nous avons sorti le chrono jusqu’à ce que les garçons montrent qu’ils pouvaient, et voulaient, réaliser les mouvements correctement dans un circuit chronométré. La récompense pour un mouvement correct était simple, la prochaine fois, ils devront utiliser l’horloge. Dans cette voie, les garçons ont commencé à lier la concentration sur un mouvement correct avec ce qu’ils trouvent marrant, la compétition. Cela a aussi ramené au but initial le point sur lequel leur entraîneur est plus concerné que leurs chronos. Ceci a été énormément payant quand les garçons ont commencé à soulever de lourdes charges.

Encore, le chrono n’était jamais très loin. « Angie », « Cindy », « Chelsea » et « Barbara » étaient les bases de notre programme. Cela nous permettait de garder le conditionnement métabolique des garçons assez haut. C’est durant cette période que les garçons ont réalisé 39 tours de « Cindy » en 20 minutes et des scores de « +5 » sur « Chelsea ». Oui, il y a eu plusieurs problèmes de ROM, mais c’était notre choix de garder l’intensité et l’amusement (et les scores) des circuits tant que la partie difficile avait été faite pour corriger la forme d’exécution.

Les problèmes structurels et de souplesse ont été traités doucement. Les obstacles structurels et individuels ont été réglés de manière méthodique et détaillée. L’approche de l’entrainement pour travailler avec chacun a été aussi individuelle que chaque garçon. Les regains de croissance ont crée des obstacles inattendus où la forme parfaite a tourné au cauchemar quand les os se sont allongés et la souplesse musculaire ne restait pas. Un mouvement vu une seule fois devenait dangereux simplement parce que les fondamentaux n’était plus possible. Nous avons trouvé des voies uniques pour traiter ces problèmes, tout en maintenant encore l’intégrité du protocole d’entrainement. Nous avons modifié les mouvements autant que nécessaire pour s’accommoder des manques de souplesse, et les enfants ont appris à être patient alors que leurs corps s’adaptaient aux inévitables changements de l’adolescence.

Une année plus tard nous avons réévalués les postures de Connor et David et déterminés que cela a définitivement été une année bien dépensée. Les changements que nous avons apporté au protocole d’entrainement a porté ses fruits. Se concentrer sur le mouvement a été la clé pour atteindre les buts originels des garçons. Quand nous corrigions la forme, les nombres ont suivis. Depuis notre phase de réentraînement, ces jeunes hommes – maintenant âgés de 16 et 17 ans – ont fait d’incroyables progrès. Tant qu’ils continuent à s’entraîner, la forme reste le point capital. Si le mouvement se détériore à un moment ou un autre, la charge retourne dans le rack. Se concentrer sur la technique plus que sur l’égo (le leur ou le mien) a permis à David et Connor de devenir d’excellents athlètes pour qui les charges soulevées continuent d’augmenter et les chronos sur les wod continuent de diminuer, alors que les problèmes ROM qui étaient présents ont disparus.

Dans le tableau précédent sont présentes les comparaisons des statistiques de chaque garçons depuis le début 2007 jusqu’à approximativement la même période cette année (ndt : 2008). Leur progrès en un an est impressionnant.

Et ci-dessous quelques temps de références incroyables que les garçons ont récemment réalisés :

Connor

Angie : 13’09

Fran : 3’22

Jackie : 6’30

30 Muscle-ups : 3’45

David

Angie : 14’11

Barbara : 23’47

Helen : 7’42

Karen : 5’32

Je regarde en arrière sur les premiers mois d’entraînements de Connor et David et je suis fier d’avoir décidé de les ramener au point de départ. Il est évident que travailler avec des charges faibles sur une longue période de temps, un luxe que nous avons avec les enfants, a payé. Sur les jours de force ou sur d’autres wods, l’importance du mouvement plutôt que des nombres et des chronos les a aidés à devenir des athlètes plus forts qui se déplacent sans dommage et sont techniquement solides. Mon expérience avec Connor et David est un projet continu qui a produit des résultats au-delà de ce que j’imaginais. Je suis fier de leur dur travail et de leurs succès, et je suis reconnaissant pour les leçons que j’ai reçues en les entraînant. Je suis heureux de dire que nous n’avons jamais eu de blessures en soulevant des charges dans notre salle.

Entraîner des enfants et des adolescents vient avec une profonde responsabilité. Ce n’est pas simplement une version allégée de l’entrainement pour adulte. Il y a de multiples problèmes qui requièrent une considération prudente. Ces enfants sont mis sous notre responsabilité, qu’ils soient nos propres enfants ou membres de notre salle. C’est un rôle que nous prenons vraiment au sérieux. Actuellement, tout enfant ou adolescent (et chaque adulte d’ailleurs) qui viennent à ma salle commencent de la même façon : la correcte. La forme avant les charges et les chronos, le mouvement avant l’égo. Je crois que cette fondation dans les bases et cette concentration sur la forme nous amènera plus de gains sur le long terme et un long terme sur lequel faire des progrès productifs et sains.

Jeff Martin est un entraîneur CrossFit. Lui et sa femme Mikki publient mensuellement le « Crossfit Kid Magazine », s’occupent du site « CrossFit Kids » et enseignent les certifications CrossFit Kids.

Cyndi Rodi a une expérience de chercheuse qui inclut un travail d’assistante avec le programme de recherche neuro-psychiatrique UCLA-Camarillo pour la recherche sur la schizophrénie et en tant que thérapeute comportementale a conçu et implémenté des programmes de changements comportementaux pour les enfants handicapés. Elle a un BA en psychologie et a de l’expérience en enseignement privé et public dans des classes de primaires. Elle est entraîneur CrossFit de niveau 2, qualifiée en gymnastique et haltérophilie, et une part importante de CrossFit Kids.

Traducteur: Poozat
Source: http://library.crossfit.com/free/pdf/71_08_Training_Children_and_Teens.pdf

Poozats

Pratiquant multi-sport, vélo, course à pied, girevoy, yoga, CTS, randos, autant d'activités qui m'enchante et me font découvrir ce qui m'entoure et ce que je suis. Le sport est devenu une composante d'une recherche d'épanouissement personnel. Amateur d'ultra-endurance je ne compte pas mes heures quand il s'agit de dépasser les bornes.

3 réflexions sur “L’entrainement des enfants et adolescents

  • Très intéressant, mais je pense que pour les petits il faudrait que le Crossfit soit intégré dans d’autres disciplines sportives, le judo la gym sont des disciplines ou il serait facile de l’intégré.
    A méditer…

    Répondre
  • Hastings

    Bien d’accords avec Xav, le mieux serait de l’intégrer dans un autre sport.

    Merci pour la traduction, play fitness est une mine d’information. Merci à toute l’équipe!

    Répondre
  • Poozat

    Tout à fait, il faut que pour de jeunes pratiquants il y ait toujours un aspect ludique, pas dans sa totalité mais une part qui leur permet de s’amuser et de décompresser.

    N’hésitez pas à nous suggérer tout articles qui vous paraissent intéressants.

    Répondre

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